syndrome naviculaire cheval

Le syndrome naviculaire chez le cheval : définition, diagnostic et prise en charge

Le syndrome naviculaire chez le cheval est une affection multifactorielle et handicapante qui touche principalement les membres antérieurs. Ce syndrome, également connu sous le nom de syndrome podotrochléaire, est l’une des principales causes de boiterie chronique chez les chevaux de sport. 

 

Il se définit comme une douleur au niveau du pied, liée à des lésions de l’appareil podotrochléaire (une structure essentielle située dans la phase postérieure du pied). 

 

Bien que le terme « syndrome naviculaire » soit couramment utilisé, il englobe en réalité diverses formes de ce syndrome, impliquant les structures osseuses, tendineuses et ligamentaires de l’appareil podotrochléaire. Le but de cet article est de vous apporter des informations sur cette pathologie, sa présentation clinique et les options de traitement.

Définitions : qu'est-ce que le syndrome naviculaire ?

Anatomie de l'appareil podo-trochléaire 

L’appareil podotrochléaire est un ensemble complexe de structures situées dans la partie postérieure du pied du cheval. Il comprend l’os naviculaire, les ligaments sésamoïdiens collatéraux, le tendon fléchisseur profond (également appelé « le perforant » car il perfore anatomiquement le fléchisseur superficiel), la bourse naviculaire, ainsi que l’articulation interphalangienne distale.

 

L’os naviculaire, ou os sésamoïde distal, joue un rôle clé dans l’amortissement des chocs et dans la fonction de glissement du tendon fléchisseur profond lors des mouvements du cheval. Il se situe en regard de l’articulation interphalangienne distale.

 

Le tendon fléchisseur profond est situé en face palmaire/plantaire du métacarpe III (os canon) du cheval. Il prend naissance à l’arrière des os du carpe (genou) et se termine sur la troisième phalange, en coulissant dans l’os naviculaire.

 

La bourse naviculaire est la poche synoviale qui facilite le glissement du tendon fléchisseur profond.

Différentes formes du syndrome naviculaire

Le syndrome naviculaire désigne une douleur ayant pour origine une anomalie du système podotrochléaire. On distingue alors plusieurs formes de ce syndrome, selon les structures touchées :

  1. Forme osseuse : Cette forme concerne principalement l’os naviculaire lui-même, où des lésions osseuses, telles que des kystes ou des zones d’ostéolyse, peuvent apparaître. La densité osseuse peut être affectée.
  2. Forme tendineuse : Le tendon perforant (TFPD), en contact direct avec l’os naviculaire, peut subir des lésions, comme des déchirures ou des inflammations (tendinite).
  3. Forme ligamentaire : Les ligaments sésamoïdiens collatéraux, qui stabilisent l’os naviculaire, peuvent également être affectés par des inflammations ou des ruptures partielles. Cette forme est souvent associée à une instabilité de l’appareil podotrochléaire.
  4. Forme boursale : La bourse naviculaire peut être le siège d’une bursite, une inflammation qui accentue la douleur et la boiterie.

Le syndrome podotrochléaire est donc une affection complexe qui peut prendre des formes variées, voir mixte, en fonction des structures touchées. Cette complexité rend le diagnostic et le traitement de la pathologie d'autant plus délicats.

Diagnostic et symptômes cliniques

Examen du système podotrochléaire

Le diagnostic du syndrome naviculaire repose sur un ensemble de tests cliniques, d’examens d’imagerie et de l’observation des symptômes.

 

1) Type de boiterie : Les chevaux atteints d’un syndrome naviculaire présentent généralement une boiterie chronique, pouvant être bilatérale, qui s’aggrave après le travail, surtout sur un sol dur et sur des mouvements de type huit de chiffre. La boiterie peut être très discrète au début, se manifestant par un raccourcissement de la phase postérieure de la foulée ou une asymétrie dans le mouvement. Avec le temps, cette boiterie s’accentue, surtout au trot.

 

2) Examen physique : Les signes cliniques incluent une douleur à la pression de l’arrière du pied, une sensibilité accrue lors des tests de la planche (où le sabot est posé contre un plan dur qui sera ensuite relevé pour mettre en tension l’appareil podotrochléaire), et une réponse positive au test d’anesthésie digitale distale, qui consiste à injecter un anesthésique local pour isoler la zone douloureuse du pied. Attention, ces tests seront toujours à réaliser par un vétérinaire.

 

3) Imagerie : L’imagerie, notamment la radiographie et l’échographie, est cruciale pour identifier les lésions osseuses, tendineuses ou ligamentaires en présence. La radiographie peut révéler des modifications osseuses telles que des kystes, une perte de densité osseuse ou une sclérose de l’os naviculaire. L’échographie permet d’évaluer les tissus mous, notamment le tendon perforant et les ligaments sésamoïdiens collatéraux. Cette échographie peut se faire dans le creux du paturon, ou alors au travers de la fourchette du cheval. Dans certains cas, un IRM peut être nécessaire pour obtenir une image plus détaillée des structures internes du pied et poser un diagnostic plus précis.

Prise en charge symptomatique et prévention 

Prise en charge :

La prise en charge du syndrome naviculaire vise principalement à soulager la douleur et à ralentir la progression des lésions. Plusieurs approches peuvent être envisagées, en fonction de la gravité des symptômes et des structures touchées.

  1. Repos et modification du travail : Le repos est souvent recommandé pour permettre aux structures touchées de se rétablir. Il est également important de modifier le travail du cheval, en évitant les exercices sur des sols durs et en réduisant l’intensité du travail. Des échauffements prolongés et adaptés peuvent également aider à prévenir l’aggravation des symptômes.
  2. Traitement médicamenteux : Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont couramment utilisés pour réduire l’inflammation et la douleur. Dans les cas plus avancés, des traitements spécifiques tels que l’injection d’acide tiludronique peuvent être envisagés pour ralentir la dégradation osseuse. Des infiltrations (injection d’AIS dans la bourse naviculaire par exemple) peuvent également être réalisées pour apporter du confort au cheval.
  3. Maréchalerie et ferrure orthopédique : La ferrure joue un rôle crucial dans la gestion du syndrome naviculaire. Des fers spécifiques, conçus pour redistribuer le poids et réduire la pression sur l’appareil podotrochléaire peuvent être utilisés, de même qu’un rolling et des fers légers en aluminium. Des ferrures allant des fers à oignon aux egg barr pourront être prescrit pour soulager la phase postérieure du pied et réduire la douleur.
  4. Thérapies complémentaires : Des traitements comme la physiothérapie, la mésothérapie, le laser ou encore l’utilisation de chondroprotecteurs peuvent être envisagés pour améliorer la santé globale du pied, ralentir la progression de la maladie et apporter du confort. Certains produits vétérinaires pour la locomotion du cheval permettent vraiment d’apporter du confort aux animaux touchés.
  5. Chirurgie : Dans les cas où tous les autres traitements échouent, la chirurgie peut être considérée comme un dernier recours. La nevrectomie digitale distale, qui consiste à sectionner les nerfs sensitifs du pied pour éliminer la douleur, est dans de très rare cas pratiquée. En effet, cette intervention présente de gros risques, notamment la perte de sensation et le développement de complications comme l’impossibilité de diagnostiquer des fractures de la troisième phalange ou les abcès de pieds. Cette solution n’est à réserver qu’aux chevaux au repos, correctement surveillés.
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Prévention

La prévention du syndrome naviculaire repose sur plusieurs stratégies visant à minimiser les risques de développement de la maladie. Une attention particulière doit être portée à la gestion du travail du cheval, à la qualité des sols sur lesquels il est exercé et à l’entretien des pieds.

  1. Gestion du travail : Il est important d’adapter le travail du cheval en fonction de ses capacités physiques. Éviter les travaux excessifs sur des sols durs et inégaux, ainsi que les efforts intenses sans échauffement adéquat, peut aider à réduire le risque de développer des lésions au niveau de l’appareil podotrochléaire.
  2. Qualité des sols : Les sols sur lesquels les chevaux travaillent jouent un rôle crucial dans la prévention des lésions. Un sol trop dur ou irrégulier peut augmenter la pression sur l’appareil podotrochléaire, tandis qu’un sol trop meuble peut entraîner une instabilité du pied. Il est donc essentiel d’assurer un sol adapté et bien entretenu pour les chevaux, en particulier ceux qui sont prédisposés au syndrome naviculaire.
  3. Ferrure et entretien des pieds : Un entretien régulier des sabots, associé à une ferrure adaptée, est essentiel pour prévenir l’apparition du syndrome naviculaire. La ferrure doit être choisie en fonction de la conformation du pied du cheval et de ses besoins spécifiques. Les chevaux ayant une conformation prédisposant à des problèmes naviculaires, comme des pieds trop petits ou une pince trop longue, doivent être surveillés de près. Ces soins des pieds et sabots du cheval permet véritablement de limiter la surcharge de l’appareil podo-trochléaire.
  4. Contrôle du poids et de la condition physique : Le maintien d’une condition physique optimale est également important pour prévenir les affections de l’appareil podotrochléaire. Un cheval en surpoids exerce une pression excessive sur ses pieds, ce qui peut augmenter le risque de développer des lésions.
  5. Prédispositions raciales et génétiques : Certaines races de chevaux, notamment les quarter horses et les chevaux de selle, sont plus prédisposées au syndrome naviculaire. Les propriétaires doivent être conscients de ces prédispositions et prendre des mesures préventives dès le plus jeune âge, notamment en adaptant les soins et le travail de ces chevaux.

Conclusion

Le syndrome naviculaire chez le cheval est une pathologie complexe qui nécessite une approche globale pour être géré efficacement. En comprenant l’anatomie de l’appareil podotrochléaire et les différentes formes de ce syndrome, il est possible de poser un diagnostic précis et mettre en place un traitement adapté. 

 

La prise en charge du syndrome naviculaire passe par une combinaison de traitement hygiénique, médicamenteux, de soins complémentaires, le tout visant à soulager la douleur et à améliorer la qualité de vie du cheval. La prévention, par le biais d’une gestion appropriée du travail, de la qualité des sols, et d’un entretien rigoureux des pieds, joue un rôle clé dans la réduction des risques de développement de cette affection.

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