cheval qui mange

Tout savoir sur l’appareil digestif du cheval

Le cheval est un herbivore non ruminant qui possède un système digestif complexe, parfaitement adapté à son régime alimentaire à base de fibres. Comprendre le fonctionnement du système digestif du cheval est essentiel car cela permet de mieux gérer leur alimentation et leur santé globale. 

 

Cet article explore en détail le chemin parcouru par la nourriture, des dents jusqu’au colon, en passant par l’estomac et l’intestin grêle. Nous aborderons les rôles cruciaux joués par chaque partie du tube digestif, mettant en lumière la façon dont chaque organe contribue à la transformation des aliments en nutriments essentiels pour l’organisme du cheval. Nous nous intéresserons ici particulièrement au cheval adulte, et non pas à l’alimentation adaptée aux poulains. 

Dentition du cheval : le premier acteur de la digestion

La bouche et la mastication

La digestion chez le cheval commence dès l’ingestion des aliments dans la bouche. Les chevaux possèdent une dentition spécialisée pour broyer les fibres dures des fourrages, leur principale source de nourriture.

 

Le cheval adulte possède généralement entre 36 et 44 dents, en fonction de la présence ou non des canines et des prémolaires surnuméraires appelées « dents de loup ». 

 

Les incisives servent principalement à couper l’herbe (préhension alimentaire), tandis que les prémolaires et molaires, qui sont larges et rugueuses, sont utilisées pour broyer et mastiquer. Une mastication efficace est essentielle pour une bonne digestion, car elle facilite l’action des enzymes digestives en augmentant la surface des particules alimentaires. Les dents du cheval sont dites à croissance continue (on parle de dents hypsodontes, ce qui signifie que les dents poussent en continu) et la mastication permet l’usure correcte des dents au fur et à mesure. 

La production de salive

Pendant la mastication, les glandes salivaires sécrètent une grande quantité de salive. La salive du cheval est riche en bicarbonate (qui aide à tamponner l’acidité de l’estomac) et en enzymes (qui amorcent la digestion chimique des glucides).

 

La production de salive est directement liée au temps de mastication. Ainsi, les chevaux qui consomment du foin ou du fourrage produisent plus de salive que ceux nourris avec des aliments granulés ou concentrés. La salive joue un rôle important en lubrifiant le bol alimentaire, facilitant ainsi son passage à travers l’œsophage jusqu’à l’estomac. En plus de ses propriétés lubrifiantes, la salive contribue également à la régulation de l’acidité gastrique, aidant à protéger la muqueuse de l’estomac contre les irritations et les ulcères. 

L'œsophage

L’œsophage du cheval est un tube musculaire d’environ 1,2 à 1,5 mètres de long (soit environ 6 fois plus que chez l’Homme), reliant la bouche à l’estomac. Sa fonction principale est de transporter le bol alimentaire par des mouvements péristaltiques (contractions musculaires régulières permettant de mettre en mouvement le contenu du tube). 

 

L’œsophage ne participe pas à la digestion chimique mais joue un rôle crucial en assurant que la nourriture atteigne l’estomac sans encombre. 

L'estomac du cheval, le lieu de l'acidité

Anatomie et fonction

L’estomac du cheval est relativement petit, représentant environ 8 à 10 % du volume total du tube digestif. Cette petite taille implique que le cheval doit manger de petites quantités de nourriture fréquemment tout au long de la journée, en cohérence avec son comportement alimentaire naturel. 

 

La capacité de l’estomac est d’environ 8 à 15 litres, ce qui souligne l’importance d’une alimentation régulière et fractionnée pour éviter les surcharges et les troubles digestifs. 

Acidité gastrique et digestion enzymatique

L’estomac est divisé en deux parties principales : la région squameuse (non glandulaire) et la région glandulaire. La région glandulaire sécrète de l’acide chlorhydrique et des enzymes digestives, telles que la pepsine, une enzyme qui décomposent les protéines. 

 

L’acidité gastrique joue un rôle clé en tuant les bactéries et autres micro-organismes ingérés avec la nourriture. Cependant, une production excessive d’acide peut entraîner des ulcères gastriques, une pathologie fréquente chez les chevaux soumis à un régime alimentaire inapproprié ou à un stress excessif. 

 

En effet, l’estomac du cheval sécrète de l’acide en continu, contrairement aux humains où la sécrétion est stimulée par la présence de nourriture. Cela signifie que si le cheval reste longtemps sans manger, l’acide peut s’accumuler et endommager la paroi de l’estomac, particulièrement dans la région non glandulaire qui n’a pas de protection contre l’acide. 

Une alimentation régulière en foin ou en fourrage aide à maintenir une certaine protection contre cette acidité excessive, car ces aliments nécessitent une mastication prolongée et donc une production accrue de salive contenant des substances tampon.

estomac cheval certivet
Schéma de l'estomac du cheval

La transition vers l'intestin grêle

Après son passage dans l’estomac où il est mélangé à l’acide gastrique et aux sucs digestifs, le bol alimentaire semi-digéré (désormais appelé chyme) est progressivement libéré dans le duodénum, la première partie de l’intestin grêle. Cette transition est régulée par le pylore, une valve qui contrôle la sortie de l’estomac, empêchant ainsi le reflux du contenu intestinal vers l’estomac.

L'intestin grêle (duodénum, jéjunum, iléon) : le premier lieu de l'absorption des nutriments

Le duodénum

Le bol alimentaire quitte l’estomac et entre dans le duodénum, la première section de l’intestin grêle. Ici, il est mélangé avec des sécrétions digestives provenant du foie et du pancréas. Le foie sécrète de la bile, essentielle pour l’émulsification des graisses, tandis que le pancréas produit des enzymes comme l’amylase, la lipase et la trypsine, qui décomposent respectivement les glucides, les lipides et les protéines.

 

La bile n’est stockée dans la vésicule biliaire car le cheval n’en a pas, et est donc libérée dans le duodénum directement. Elle émulsifie les graisses, les décomposant en gouttelettes plus petites, ce qui facilite l’action de la lipase pancréatique. De plus, le suc pancréatique contient du bicarbonate qui neutralise l’acide gastrique, créant un environnement optimal pour l’action des enzymes digestives dans l’intestin grêle.

Le jéjunum

Le jéjunum est la partie médiane de l’intestin grêle et le principal site d’absorption des nutriments. Les parois de l’intestin grêle sont tapissées de villosités et de microvillosités qui augmentent la surface d’absorption. Les nutriments essentiels, tels que les acides aminés, les acides gras, les vitamines et les minéraux, sont absorbés dans la circulation sanguine pour être redistribués à travers l’organisme.

 

La digestion enzymatique dans le jéjunum est intense. Les enzymes présentes dans la bordure en brosse des cellules épithéliales de l’intestin décomposent les disaccharides en monosaccharides et les peptides en acides aminés, qui sont ensuite absorbés. La structure en plis circulaires du jéjunum, couverte de villosités et de microvillosités, offre une énorme surface pour l’absorption des nutriments, maximisant ainsi l’efficacité de ce processus.

L'iléon

L’iléon est la dernière section de l’intestin grêle. Il continue l’absorption des nutriments et des sels biliaires, qui sont ensuite recyclés dans le foie. L’iléon joue également un rôle crucial dans la protection immunitaire, abritant des tissus lymphoïdes (tissus du système immunitaire) qui préviennent les infections intestinales.

 

L’iléon termine le processus d’absorption des vitamines liposolubles (A, D, E et K), des acides gras et des sels biliaires. Les produits finaux de la digestion, tels que les monosaccharides, les acides aminés et les acides gras, sont absorbés par les cellules épithéliales de l’iléon et transportés vers la circulation sanguine. Les sels biliaires, absorbés dans l’iléon, retournent au foie pour être réutilisés, un processus appelé cycle entérohépatique.

Le colon et le caecum : acteurs de la digestion des fourrages et siège du microbiote

Le caecum

Le bol alimentaire non digéré et non absorbé entre dans le caecum, une grande poche située à l’entrée du gros intestin. Le caecum est le site principal de fermentation microbienne chez le cheval. La flore intestinale y décompose les fibres végétales indigestes en acides gras volatils, une source d’énergie essentielle pour le cheval. Cette fermentation produit également des gaz et des vitamines B, qui sont absorbés par la paroi du caecum.

 

La capacité du caecum à fermenter les fibres est essentielle pour la digestion des composants végétaux que les enzymes endogènes (=du cheval) ne peuvent pas décomposer. Les espèces microbiennes dans le caecum produisent des acides gras volatils (acétate, propionate et butyrate), qui sont absorbés et utilisés comme sources d’énergie par le cheval. 

Le côlon

Le colon du cheval comprend plusieurs parties : le côlon dorsal, le côlon ventral, le côlon transverse et le côlon descendant. Il est responsable de l’absorption d’eau et de certains électrolytes, et de la formation du crottin. La fermentation microbienne des fibres continue dans le côlon. La qualité de la ration alimentaire influence directement le fonctionnement du gros intestin et la santé globale du cheval. Un régime riche en fourrage de qualité, comme le foin, favorise une flore intestinale saine et une digestion optimale.

 

Le côlon dorsal et ventral sont particulièrement grands et ont des capacités de fermentation importantes. Le contenu du côlon est mélangé par des contractions segmentaires (=péristaltisme), ce qui permet un contact prolongé avec la paroi intestinale pour une absorption efficace des nutriments et de l’eau. Cette région du gros intestin est également le site principal de production de vitamines B par la flore intestinale, qui sont ensuite absorbées. Le côlon transverse et le côlon descendant continuent à absorber l’eau, formant des matières fécales de plus en plus solides à mesure qu’elles se déplacent vers le rectum. Le côlon descendant transporte ensuite ces matières vers le rectum, où elles sont stockées jusqu’à l’évacuation sous forme de crottin. Le processus de fermentation dans le gros intestin produit également des gaz, qui doivent être expulsés pour éviter l’inconfort et les ballonnements.

Particularités du gros intestin

Le gros intestin du cheval est particulièrement sensible aux changements alimentaires brusques. Les déséquilibres dans la flore intestinale peuvent entraîner des coliques, des ballonnements, des diarrhées… Par conséquent, tout changement dans la ration alimentaire doit être introduit progressivement pour permettre à la flore intestinale de s’adapter.

Le rôle de la flore intestinale

La flore intestinale, composée de milliards de micro-organismes, joue un rôle essentiel dans la digestion du cheval. Elle aide à décomposer les fibres végétales indigestes, synthétise des vitamines, et protège contre les pathogènes en occupant les niches écologiques dans le tube digestif. Un équilibre sain de la flore intestinale est crucial pour prévenir les désordres digestifs et pour maintenir un bon état général.

 

Des compléments alimentaires digestion sont utilisables pour soutenir cette flore. Les probiotiques et les prébiotiques peuvent être ajoutés à la ration alimentaire pour soutenir la flore intestinale. Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui apportent des bénéfices à la santé intestinale, tandis que les prébiotiques sont des fibres non digestibles qui nourrissent ces micro-organismes bénéfiques. En maintenant une flore intestinale équilibrée, on améliore non seulement la digestion, mais aussi l’immunité et la résistance aux maladies.

Conclusion

Le système digestif du cheval est un exemple complexe et finement équilibré de la manière dont un organisme peut s’adapter à un régime alimentaire herbivore. De la dentition spécialisée à la fermentation microbienne dans le caecum et le gros intestin, chaque partie joue un rôle crucial dans la transformation des fourrages en nutriments essentiels. Une compréhension approfondie de ce système est indispensable, car elle permet de garantir une alimentation appropriée, de prévenir les maladies digestives telles que les ulcères ou troubles intestinaux du cheval. En tenant compte des particularités digestives du cheval, on peut améliorer la qualité de vie de ces animaux grâce à des pratiques alimentaires et des soins de santé appropriés.

 

 

En conclusion, la santé digestive du cheval repose sur une alimentation équilibrée et de haute qualité, des pratiques de gestion adaptées et une compréhension approfondie du fonctionnement de son système digestif. Les chevaux, en tant qu’herbivores non ruminants, ont évolué pour maximiser l’efficacité de l’extraction des nutriments des fourrages, et chaque composant de leur tube digestif joue un rôle essentiel dans ce processus complexe. Il faut donc prêter une attention particulière à la ration, à la fréquence des repas et à la qualité du fourrage pour maintenir une digestion  et prévenir les problèmes digestifs.

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